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17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 17:27

           

En tant que phénomène social, le viol est à analyser en corrélation avec les variables sociodémographiques et avec d’autres phénomènes sociaux. Cela revient à dire qu’il faut expliquer le social par le social. En tant que tel, le viol renvoie donc à des facteurs sociaux et culturels, et à ce titre, il relève des spécialités du sociologue et de l’anthropologue. Ce sont ces deux spécialistes qui sont scientifiquement habilités à identifier les déterminants sociaux et culturels du viol.

           Le viol est également un objet pris en charge par le psychologue. Celui-ci traite les séquelles que le viol produit dans la psyché de la femme violée. L’homme violeur est également psychologiquement traité afin de ne pas récidiver, et dans les cas extrêmes, il subit une castration chimique. D’évidence, cette castration est opérée par le psychiatre sur la base d’une décision judiciaire.

           Bien entendu, le viol est d’abord un objet de la médecine dans le sens où c’est le médecin qui est habilité à en établir le diagnostic et à organiser la prophylaxie. En plus des premiers soins à donner, il est censé diagnostiquer d’éventuelles infections IST-VIH et grossesses involontaires. Et pour éviter des IVG (avortements) à risque, des maternités non désirées, des infanticides ou des abandons de nouveaux nés, il est censé precrire une pilule abortive à la femme violée au cas où le test de grossesse s’avère positif, mais seulement quand la femme violée ne désire pas mener sa grossesse à terme.

           En aucun cas, le médecin, fut-il gynécologue et/ou professeur de gynécologie, n’est habilité à avancer des explications scientifiques sur les déterminants sociaux et culturels du viol.  Si le médecin s’aventure dans ce domaine, il outrepasse ses compétences académiques. Il cesse d’être médecin. Alors soit il reprend des analyses sociologiques et anthropologiques sans citer ses sources, soit il émet des opinions ordinaires qui reprennent les opinions ordinaires de l’homme ordinaire, opinions misogynes et phallocrates en général. Ce sont les opinions de l’homme patriarcal de la rue qui accuse les femmes d’être responsables du viol qu’elles subissent. De telles opinions servent à cet homme de mécanisme de défense pour disculper les hommes qui commettent des viols. Pire, pour cet homme de la rue pris dans les rets de l’inconscient patriarcal, le viol des femmes est un viol correctif qui sert à faire peur aux femmes et à endiguer leur désir de liberté. Et donc à ramener les femmes au « droit chemin », celui de la soumission (sexuelle) aux hommes (à travers le mariage notamment).

           Dans le cas analysé ici, l’opinion phallocrate ordinaire affirme que le viol des femmes est une conséquence de leur désir d’émancipation et de leur refus du mariage. Quand cette opinion est reprise par un professeur de gynécologie à travers des mass-médias, le télé spectateur ordinaire croit donc avoir affaire à un médecin alors qu’en fait il n’a affaire qu’à un homme ordinaire. Conclusion : cet homme ordinaire drapé dans l’habit prestigieux du médecin est dangereux : il désinforme, il empêche la prise de conscience, l’épanouissement d’une conscience féministe et sexuelle, il se dresse contre l’égalité de genre et la liberté. Il doit donc être mass-médiatiquement castré pour qu’on stoppe le virus idéologique phallocrate qu’il répand au sein des masses. En un mot, ce « confinement » médiatique est un geste prophylactique qui contribuera à endiguer la pandémie des fake news misogynes et patriarcales.

 

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