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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 16:58

 

            Dans ma conférence inaugurale intitulée « La masculinité arabe transitionnelle » (au colloque international sur la masculinité à l’université Oberta de Catalogne à Barcelone, 16-17 novembre 2017) ainsi que dans la rencontre sur la masculinité (organisée par ONU Femmes, Promundo et Aba’ad à Beyrouth le 4-6 mai 2017), j’ai élaboré plusieurs cogitos qui définissent l’homme patriarcal tribalo-islamiste, entre autres ceux-ci :

 

            - « j’entretiens mes femmes, donc je suis un homme, donc je suis”,

            - “je violente mes femmes donc, je suis un homme, donc je suis”,

            - “ je répudie ma femme, donc je suis un homme, donc je suis”,

            - « je contrôle le corps et la sexualité de mes femmes, donc je suis un homme, donc je suis”,

            - “je voile mes femmes, donc je suis un homme, donc je suis”….

 

            Je me dois de rappeler ici que cette attitude antiféministe est l’une des expressions de la contre-réforme islamiste qui a commencé dans les années 1970 suite au boom pétrolier, boom qui a permis au Wahhabisme et aux Frères Musulmans de devenir les leaders religieux du monde arabe. Ces deux mouvements combattent cette réforme islamique qui a débuté dans la seconde moitié du 19ème siècle, cette Nahda (renaissance) qui a montré que le port du voile (partiel ou total) n’est pas un impératif islamique catégorique. Et que le voilement du corps féminin empêche la femme de réaliser son développement personnel et de participer au développement social, économique et politique des pays arabes. Dans ce cadre, des Ouléma réformistes prestigieux comme Mohammed Abdou, Tahar Al Haddad et Allal El Fassi ont appelé au dévoilement des femmes au nom de la Shari’a elle-même, et cela a également concerné la présence des femmes dans les plages et les piscines. Le port du bikini était ainsi légitimé, socialement accepté, normalisé et banalisé. Il n’était point choquant et ne créait aucune fitna. Et les hommes ne remettaient pas en cause leur masculinité parce que « leurs » femmes portaient des bikinis là où il fallait les porter.

 

            Face à la libération irréversible de la femme musulmane grâce à l’éducation et à l’emploi modernes, libération qui a progressivement mis en crise la domination fondée sur le genre, le Musulman appauvri ne trouve en dernière instance que l’islam pour contrecarrer la libération féminine et pour maintenir et justifier sa masculinité tribalo-patriarcale dominante. Appauvri sur tous les plans (politique, économique, psychologique, intellectuel, spirituel et moral), ce Musulman souffre conséquemment de la misère sexuelle (Dialmy, Telquel, n° 372, 9-15 mai 2009, p. 56). En raison de cet appauvrissement pluriel, il trouve un refuge compensatoire dans l’intégrisme. Ce refuge consiste à s’arrêter au niveau d’une lecture simpliste et a-historique du référentiel islamique sacré afin de conforter son ego d’homme puissant malgré ses impuissances structurelles (Dialmy, Critique de la masculinité au Maroc, 2000/2009/2010).

 

            La difficile transition masculine en cours vers un homme musulman nouveau consiste à dire :

 

            - « je crois à l’égalité hommes/femmes en matière de droits, donc je suis un homme, donc je suis »

 

            Pour faciliter cette transition, pour résoudre cette dystocie qui rend difficile la naissance d’un Musulman nouveau, l’enjeu est de préserver et/ou de guérir les Musulmans de cette pathologie moderne de l’islam qu’est l’intégrisme, pathologie que j’ai identifiée en tant que telle dans mon livre « Logement, sexualité et islam » (1995).

 

            Deux slogans sont alors à mettre en œuvre :

 

« Sois un homme véritable, ne tombe pas dans l’intégrisme »

« Sois une femme véritable, préserve et guéris tes hommes de l’intégrisme »

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